QVT et Santé des agents dans la fonction publique hospitalière : une note de satisfaction de seulement 5,3 sur 10
Une enquête de la SHAM qui se présente comme le 1er assureur en responsabilité civile médicale des établissements de santé français
Le communiqué de la SHAM présente quelques résultats, mais toute l'enquête mérite d'être consultée, même si les interprétations et analyses de la SHAM peuvent être discutées, d'autant que comme souvent lorsqu'est abordée la question de la QVT, on ne sait pas si c'est le souci de l'humain qui est premier ou celui de l'efficience des organisations (l'attention portée à la QVT est ici clairement un élément du "risk mangement"). Le rapport est téléchargeable moyennant le remplissage d'un formulaire (cf lien vers le site de la SHAM ci-dessus).
L'enquête de la SHAM porte successivement sur :
- comment les agents perçoivent-ils leur situation de travail ? Avec une note de 5,3 sur 10 (vs 6,1 dans la fonction publique territoriale), la satisfaction des agents de la fonction publique hospitalière sur leur qualité de vie au travail se situe juste au-dessus de la moyenne, avec une satisfaction légèrement supérieure (5,4) dans l'encadrement et dans les établissements sociaux et médico-sociaux (5,8 contre 5,2 dans les établissements de santé) . 61% des agents déclarent que cette satisfaction a diminué au cours des 6 derniers mois.
- les exigences de travail, marquées par un travail intense pour 85%, motivant par la diversité des tâches pour 78%, et pour lequel 64% considèrent ne pas disposer du temps nécessaire pour le faire correctement, marqué par les interruptions de tâche, mais aussi des tâches répétitives
- l'autonomie et les marges de manœuvre dans le travail : 61% peuvent prendre des décisions, 70% développer leurs compétences professionnelles (mais 29% seulement des agents des établissements médico-sociaux considèrent les formations adaptées contre 42% dans les établissements de santé), 64% interrompre leur travail quand ils le souhaitent
- les conflits de valeurs et le sens du travail : 90% ont le sentiment de faire quelque chose d'utile, 82% trouvent les tâches effectuées intéressantes et 72% qu'elles leur procurent de la fierté, mais seulement 45% disent exercer leur travail tel qu'ils le conçoivent et 52% que les règles qui régissent leur travail leur paraissent justes !
- les rapports sociaux au travail : 83% disent que leur collègues leur manifestent de l'intérêt et 82% qu'ils les aident à mener leurs tâches à bien, mais 50% reçoivent des ordres contradictoires et 54% seulement disent que leur responsable direct réussit à faire collaborer les agents de leur équipe
- les exigences émotionnelles au travail : 71% se sont sentis capables de faire face aux situations difficiles ; 62% ont déjà eu peur dans leur travail et 50% ont vécu des tensions avec le public
- la sécurité de la situation de travail : 69% peuvent exposer librement une opinion ou une difficulté sur leur travail mais seulement 46% disent être consultés sur des changements qui concernent leur travail
A noter enfin que 58% considèrent que leur travail a des impacts négatifs sur leur santé et que 43% envisagent une mobilité dans les deux prochaines années.
L'enquête est complétée par un état des lieux de l'absentéisme pour raison de santé en terme de gravité, de fréquence et d'exposition (sur un échantillon de 168000 agents CNRACL répartis dans un millier d'établissements entre 2007 et 2017).
Un taux d'absentéisme de 13% (11,8 hors congé maternité) est calculé pour 2017, concernant un agent sur deux, marqué par une hausse continue de 20% depuis 2007, dont 6,2 pour la maladie ordinaire, 3,5 pour longue maladie, longue durée, et 2,1 pour accident du travail. La SHAM s'intéresse par ailleurs en tant qu'assureur au coût des absences au travail pour raison de santé.
L'étude se poursuit par une interrogation sur les facteurs de QVT qui impactent les indicateurs d'absence, avec une conclusion qui nous aurait mérité d'être étayée sur des éléments plus précis que ceux mis en avant par la SHAM : en effet si différents facteurs sont comparés avec un visuel les hiérarchisant, l'absence d'échelle et surtout l'absence de précision sur la méthodologie employée rend leur interprétation sujette à caution.
Ainsi si "le ressenti de pressions psychologiques est un facteur d'influence sur l'ensemble des indicateurs d'absence", dire qu'"en revanche la charge, le rythme et l'intensité du travail ne s'affichent pas comme des facteurs d'influence significative sur les absences pour raison de santé" ne nous semble pas vraiment étayé sur une analyse partageable, alors que cela va dans le sens de politiques de QVT dans l'air du temps faisant fi des conditions objectives de travail au profit d'un travail sur les seuls éléments de ressenti, quand bien même le "ressenti de pressions psychologiques" est effectivement un élément très important à prendre en compte dans la prévention des risques psycho-sociaux, la politique de QVT et d'amélioration du management.
De fait, l'étude se fait ensuite (page 38) plus nuancée en disant que "la dimension psychologique représente un poids important sur les facteurs d'absence, en complément de la dimension physique relative à la pénibilité des métiers exercés" et en parlant de l'interdépendance des différents facteurs, rappelant notamment l'importance du soutien et de la reconnaissance à la fois dans l'équipe et par le management. Sont également rappelés le rôle de la clarté des consignes, de la formation professionnelle, de la vision de l'avenir et de sa communication.
Pour terminer, l'étude de la SHAM s'intéresse à l'expérience patient/résident également au service des personnels. En construisant avec le patient, on rendrait par une "qualité du travail adéquate" la qualité des soins "performante" et la qualité de vie au travail "positive".
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